CRÉPUSCULES

Janáček, Fauré, Britten

Derniers quatuors à cordes pour Janáček et Britten, œuvre ultime de Fauré, le quatuor n°2 «Lettres Intimes», le 3ème quatuor opus 94 et le quatuor opus 121 véhiculent chacun à leur manière une intensité́ émotionnelle extraordinaire.

Leoš Janáček Quatuor à cordes n°2 « Listy důvěrné » (Lettres intimes) (25 min)
Gabriel Fauré Quatuor à cordes en mi mineur, opus 121 (23min)
Benjamin Britten Quatuor à cordes n°3, opus 94 (28min)

Ils témoignent également d’un attachement à la tonalité́ commun aux trois compositeurs. Alors qu’avaient déjà été développés d’autres langages musicaux tels que le dodécaphonisme, aucun d’entre eux n’a renoncé à l’harmonie tonale et la hiérarchie entre les notes. Pourtant, leurs derniers quatuors font figure d’exception dans le répertoire, tant les règles qui en régissent l’écriture rompent constamment avec les attentes de nos oreilles, et dépeignent les affects dans leurs couleurs les plus réalistes. C’est sans doute parce que c’est avant tout la voix humaine, parlée et chantée, qui guide le flot musical de ces œuvres et fusionne le rythme et l’harmonie en une seule entité d’énergie.
Nous ressentons cette unité puissante de la musique dans la grande traversée que nous offre le quatuor à cordes de Fauré, dans les récitatifs et les airs du 3ème quatuor de Britten inspirés de son opéra « Mort à Venise », et bien sûr dans « Lettres Intimes » de Janáček, pour qui la notion d’intonation de la voix lie naturellement la couleur et l’accentuation.
Embarcations musicales autonomes aux voiles tissées d’expression pure, ces trois chants du cygne nous plongent dans un entre-monde exaltant. Un passage entre la vie et la mort, le jour et la nuit, le son et le silence. Voyant dans la réunion de ces trois œuvres la clé de voûte d’un crépuscule coloré, mystique et passionné, le quatuor Béla vous invite à le traverser en sa compagnie.